Nouvelle-Calédonie: le Medef demande l'accélération des indemnisations et un gouvernement "opérationnel"

Paris, France | AFP | mercredi 11/09/2024 - 17:34 UTC+2 | 662 words | by Damien GAUDISSART

 

Des indemnisations plus rapides des assureurs et un interlocuteur fiable au gouvernement: la présidente du Medef de Nouvelle-Calédonie Mimsy Daly a détaillé mercredi les exigences du mouvement patronal dans un entretien à l'AFP, près de quatre mois après le déclenchement des émeutes.

 

Question: Quelle est la situation des entreprises néo-calédoniennes aujourd'hui?

Réponse: "Les gens se sont focalisés sur leurs besoins primaires, à savoir l'alimentaire, la santé. Pour le reste, on sent bien que tous les secteurs sont en très nette contraction. Le commerce a été très touché, l'immobilier terriblement touché, le secteur du tourisme totalement sinistré...

On en est encore à mesurer l'étendue des dégâts, parce qu'il nous manque beaucoup d'expertises d'assurance qui n'ont pas encore été finalisées. L'occurrence de nouveaux sinistres est faible maintenant. Je dirais que le gros de la crise, en tout cas des destructions et des incendies, est aujourd'hui derrière nous."

 

Q: Combien d'entreprises pourront être indemnisées par les assureurs?

R: "1.250 expertises sont nécessaires (auprès des entreprises sinistrées par les émeutes, NDLR). Aujourd'hui, on en a 520 qui sont finalisées. Le message que je passe (aux assureurs), c'est +engagez-vous si possible d'ici la fin du mois de septembre à avoir fait réaliser la totalité des expertises attendues+. A un moment, il faut qu'on sorte ça, ça fait 4 mois. Ce n'est pas normal."

 

Q: Les aides déployées par l'Etat (fonds de solidarité, chômage partiel) sont-elles à la hauteur?

R: "Le fonds de solidarité a été mis en place très vite, de façon quasiment automatique, mais sur des montants relativement faibles. On a négocié avec l'État que le seuil de déclenchement du fonds de solidarité soit abaissé à 30% de perte (de chiffre d'affaires, NDLR) à partir du mois d'août. Ca nous semble être un dispositif plus favorable."

 

Q: La dissolution en juin de l'Assemblée nationale a-t-elle pesé sur vos échanges avec le gouvernement?

R: "Au niveau de Bercy, le fil n'a jamais été coupé. Il a été clair dès le début que la Nouvelle-Calédonie était considérée comme une urgence, même dans la période de gestion des affaires courantes. Maintenant, il est évident qu'on a hâte d'avoir un exécutif (...) opérationnel. Ne serait-ce que dans les discussions avec les assurances aujourd'hui, c'est important qu'on ait un interlocuteur de l’État de plein exercice. On a besoin d'un appui plus fort."

 

Q: Que demandez-vous au nouveau Premier ministre Michel Barnier?

R: "J'ai entendu parler d'un homme de dialogue, de quelqu'un qui était capable de rassembler et de faire travailler des personnes différentes. Je crois que c'est une qualité nécessaire pour la Nouvelle-Calédonie. Le rôle du Premier ministre est évidemment important, mais il va falloir pour la Nouvelle-Calédonie quelqu'un qui soit à 100% sur le sujet au sein de l'équipe gouvernementale. On a besoin d'un peu de stabilité au niveau de l'exécutif."

 

Q: Qu'attendez-vous du projet de loi de finances pour 2025?

R: "On demande déjà le maintien d'un niveau de sécurité suffisant en Nouvelle-Calédonie (...) qui puisse rassurer la population et les investisseurs.  Ensuite, il y a tout ce qui concerne la reconstruction des établissements publics détruits. Il y a 1 à 1,5 milliard d'euros de dégâts sur les infrastructures publiques: écoles, établissements de santé, culture, etc.

Et puis il y a les incitations à l'investissement et la compétitivité des entreprises. En tout état de cause, on sait que les moyens demandés vont être assez considérables. Mais ces moyens ne doivent pas être juste financiers."

 

Q: Quel autre type de soutien espérez-vous?

R: "Un appui technique et politique quasiment à temps plein. Par exemple, Bercy a mis en place une  +Cellule Reconstruction+, où des hauts fonctionnaires travaillent à temps plein. 

Sur la partie sécuritaire, il y a une cellule (au gouvernement) qui ne traite que de la Nouvelle-Calédonie. Mais on peut imaginer que sur d'autres sujets, par exemple l'énergie, on ait besoin là aussi d'un appui technique sur la réorganisation de la filière. La refonte de notre système de protection sociale va aussi demander des appuis techniques relativement musclés."

 

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Revue de presse

 

 

 

"Les assurances aujourd'hui sont assez réticentes à payer a priori", a regretté auprès de l'AFP la représentante patronale, de passage en métropole pour une série de réunions, notamment avec France Assureurs, la fédération du secteur de l'assurance. "Au début, dans les courriers d'indemnités, Allianz a par exemple renvoyé l'adresse" du Haut-Commissariat de la République (le représentant de l'Etat dans l'archipel, NDLR) "en disant +contactez l'Etat. C'était un peu brutal", a jugé Mme Daly. "Le message que je passe à France Assureurs, c'est +engagez-vous si possible d'ici la fin du mois de septembre à avoir fait réaliser la totalité des expertises attendues+", a-t-elle exhorté, en soulignant que plusieurs centaines d'entreprises néo-calédoniennes avaient été détruites depuis le déclenchement des émeutes à la mi-mai. 

"Sur 1.250 expertises nécessaires" auprès des entreprises du territoire, 520 rapports d'expertises ont été rédigés au 5 septembre, a détaillé Mme Daly. Une petite soixantaine de millions d'euros d'indemnités ont été versés par les assureurs, "sur un total de sinistres (assurés, NDLR) de près d'un milliard d'euros", a-t-elle poursuivi. "Ce n'est pas normal", a conclu la présidente du Medef NC, en relevant que le début des émeutes remontait à près de quatre mois. 

"Je dirais que le gros de la crise, en tout cas des destructions et incendies, est aujourd'hui derrière nous. L'occurrence de nouveaux sinistres est faible maintenant", a-t-elle noté. Mais "on en est encore à mesurer l'étendue des dégâts, parce qu'il nous manque beaucoup d'expertises d'assurance qui n'ont pas encore été finalisées", a-t-elle ajouté. Selon les chiffres du gouvernement néo-calédonien, les destructions, pillages et incendies ont causé au moins 2,2 milliards d'euros de dégâts dans l'archipel, répartis entre les entreprises et les pouvoirs publics. Près d'un salarié sur cinq y est au chômage, total ou partiel. Agence France-Presse

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