Résultats de la 2e enquête d’évaluation de l’impact des émeutes de mai 2024 : une situation très tendue
Du 17 au 25 février 2025
La CCI-NC a confié à l’institut Quidnovi en janvier 2025, une nouvelle enquête d’évaluation de l’impact des émeutes de mai 2024, auprès des entreprises (la 1ère avait été menée en octobre 2024). 564 entreprises ont participé à cette enquête (les résultats ont été redressés selon la struc- ture de la population des ressortissants de la CCI-NC).
Les résultats mettent en lumière plusieurs points clés :
- Une perte de confiance des chefs d’entreprise
- Un risque d’effondrement systémique
- Un risque de déstructuration du tissu économique, tant salarial qu’entrepreneurial
- Une menace sur la reconstruction et donc sur la relance économique
1/ Une perte de confiance des chefs d’entreprises
Tout d’abord, le niveau de confiance dans l’avenir du territoire ou de leur entreprise diminue significativement (-12 points, -7 points) entre les deux mesures.
La confiance des entrepreneurs est clairement dégradée en ce début d’année 2025.
2/ Un risque d’effondrement systémique
10% des entreprises sont encore en arrêt temporaire d’activité et 5% se déclarent en liquidation ou en cessation définitive. Au-delà de ce résultat, 27% des répondants estiment ne plus avoir d’activité. Dans ce contexte dégradé, les entreprises indiquent qu’elles font face à un ensemble de problèmes, dont :
- 52% font face à des problèmes de trésorerie
- 33% des entreprises interrogées déclarent ne pas couvrir leurs charges, 53% indiquant qu’elles ont des difficultés à les couvrir.
- 30% font face à des délais de paiement du secteur privé, 24% pour le secteur public. 26% indiquent qu’elles font face à des clients non solvables. Dans le contexte de baisse d’activité, Le risque de défaillance en cascade n'est pas à exclure.
3/ Un risque de déstructuration économique
83% des entreprises déclarent que leur chiffre d’affaires est en baisse par rapport à l’année précédente, dont 27% qui n’ont plus d’activité.
Ce pourcentage est de 43% pour les entreprises sans salarié qui semblent dans une situation encore plus critique.
En conséquence, pour les 6 prochains mois, essayer d’assurer la pérennité de l’entreprise est la priorité pour 48% de l’échantillon, notamment via des réductions des charges salariales (53%), des autres charges (66%) et le démarchage de nouveaux clients (47%).
En complément, en cas d’arrêt du chômage partiel, 15% des salariés concernés seraient licenciés (chiffre en amélioration par rapport à la mesure précédente ou 35% étaient susceptibles d’être licenciés).
Dans le secteur du bâtiment, le pourcentage d’entreprises qui déclare ne pas couvrir ses charges atteint 50%. Ce secteur est particulièrement touché et son état de santé pourrait obérer la reconstruc- tion suite aux évènements du 13 mai 2024.
4/ Une menace sur la reconstruction et donc sur la relance économique
Face aux incertitudes et aux problèmes que les entreprises rencontrent, seules 15% sont certaines de reconstruire les locaux professionnels détruits pendant les émeutes (43% sont certaines de ne pas reconstruire). Ce chiffre interpelle clairement, d’autant plus qu’une partie des entreprises qui ont été détruites sont dirigées par des personnes qui sont proches de l’âge de la retraite et qui pourraient décider de « jeter l’éponge », n’ayant pas le courage de tout recommencer.
Afin d’inverser la tendance de tous ces indicateurs, il est impératif d’ancrer la relance et la reconstruction sur du concret en :
- Créant les conditions favorables avec un accord politique qui sera un signal fort d’aligne- ment entre toutes les parties prenantes (L’État, la NC, les citoyens, la société civile…) pour se projeter ensemble, retrouver notre potentiel, et avoir enfin de la visibilité et le retour de la confiance.
- Réglant la problématique assurantielle : les problématiques d’assurance hypothèquent sévèrement les chances de reconstruction et de relance économique. Les entreprises sont dans un « no man’s land » assurantiel. Sans couverture : difficile, voire impossible d’avoir accès au crédit bancaire, de soumissionner à un appel d’offres, de rebâtir ou de trouver un nouveau local.
- Posant les moyens de la reconstruction : il faut reconstruire les entreprises détruites, mais aussi :
- ramener une reprise d’activité dans les quartiers afin de récréer de la cohésion sociale.
- donner de la visibilité aux autres entreprises et à tout l’écosystème économique
- dé-risquer cet investissement, compte tenu du contexte, par des outils fiscaux (la défis- calisation) et des outils financiers (les taux d’intérêt, la révision du SOGEFOM)
Retrouvez dans la présentation des résultats de l’enquête jointe ci-dessous, les résultats détaillés.