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Aides fiscales, filière nickel, prêts : ce qu'il faut retenir des annonces économiques de Manuel Valls NC La 1ère 25/02/2025
Chômage partiel, aides aux entreprises, assurances, reconstruction de bâtiments publics, prêt - en partie conditionnée - de 120 milliards, transformation de la filière nickel : devant les acteurs économiques, lundi 24 février, Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, a détaillé les annonces qu’il promet depuis son arrivée.
“Il ne peut y avoir de relèvement économique sans accord politique, mais il ne peut y avoir d’accord politique durable sans relèvement de l’économie”, a martelé Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, aux acteurs économiques, lundi 24 février. Il les avait réunis au Haussariat pour préciser les annonces promises dès son arrivée en Nouvelle-Calédonie.
Représentants du patronat, des syndicats de salariés, des chambres consulaires et chefs d’entreprise sont ressortis plutôt satisfaits mais prudents.
Le chômage partiel prolongé mais...
Manuel Valls l’avait annoncé dimanche soir lors de l’entretien exclusif accordé à NC la 1ère : le soutien de l’État au financement du chômage partiel spécial émeutes est prolongé jusqu’au 30 juin. Mais il connaîtra “une nouvelle étape de dégressivité” à partir du 31 mars. Le 31 décembre, son taux était passé de 70% à 50% du salaire et le plafond avait été ramené à deux fois le montant du salaire minimum garanti.
Le ministre n’a pas donné les modalités qui seront appliquées à partir du 31 mars. Mais il a répété les objectifs : “éviter la casse économique et sociale” en permettant “aux partenaires sociaux et au gouvernement de finaliser les négociations pour réformer le régime de chômage de droit commun.” Les fonds viendront du prêt de 120 milliards de francs accordé au gouvernement.
Le fonds de solidarité aux entreprises abondé puis fermé
Le fonds de solidarité mis en place par l’État dès le 6 juin, à destination des entreprises ayant subi une baisse de chiffre d’affaires de plus de 50%, du fait des violences, va être abondé d’1,8 milliard de francs “pour répondre à toutes les demandes, dans les mêmes conditions que les dossiers déjà traités. La commission se réunira sans délai pour les instruire.” Le guichet sera fermé le 28 février, prévient par ailleurs le ministre.
Garanties d’emprunt et aide fiscale restent d’actualité
En revanche, le dispositif de prêts garantis par l’État destiné aux entreprises est maintenu. Une nouvelle enveloppe de 3,5 milliards de francs a été prévue dans le budget 2025. “Nous sommes à l’écoute des banques et des entreprises pour adapter, si nécessaire, les produits”, assure Manuel Valls.
Il a également promis une réforme de l'aide fiscale à la réhabilitation des locaux endommagés, jugée inadéquate par les acteurs économiques.
Vers un risque émeutes sur le modèle de la catastrophe naturelle ?
Des entrepreneurs d’Outre-mer demandaient la création d'un dispositif d'indemnisation du risque d'émeutes sur le même modèle que le dispositif "catastrophe naturelle". “Un travail a été lancé”, indique Manuel Valls. "Il devra aboutir pour la loi de finances 2026.”
J’attends des assureurs qu’ils soient à la hauteur de leurs responsabilités. Manuel Valls
En parallèle, des négociations se poursuivent sur la garantie perte d’exploitation : l’État aimerait que les assureurs assouplissent le délai de reprise d’activité, en général fixé à un an, qui conditionne le versement de l’indemnité totale.
Une chose est en tout cas actée : la mise en place d’une médiation pour aider les entrepreneurs à faire avancer leurs dossiers.
Des conditions au versement d'une moitié du prêt de 120 milliards
Le ministre des Outre-mer avait aussi des annonces économiques pour les collectivités. Concernant les modalités de versement du prêt de 120 milliards de francs à la Nouvelle-Calédonie, “un premier décaissement aura lieu avant la fin du mois de mars, pour rembourser les avances et couvrir les besoins de trésorerie les plus urgents, notamment pour la prise en charge du chômage”, certifie-t-il.
La deuxième moitié du prêt est, elle, promise avant juillet. Mais, sans réelle surprise et malgré les protestations d’une partie des élus calédoniens, “elle devra être accompagnée de réformes, sur lesquels un dialogue exigeant et constructif doit se poursuivre avec le gouvernement”, indique Manuel Valls. Les priorités : la réforme de la protection sociale et du logement social, une réforme fiscale efficace, la baisse des dépenses publiques et des réformes économiques “pour augmenter la concurrence et favoriser la compétitivité”, fixe le ministre.
Des efforts devront être faits, car nous sommes aussi redevables devant les Français de ce soutien financier apporté à la Nouvelle-Calédonie par la communauté nationale. Manuel Valls
Ces réformes, Alcide Ponga, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les a évoquées dans son discours de politique générale. Mais il a promis de ne pas augmenter la fiscalité, un souhait partagé par une majorité au Congrès. Alors, comment faire ? Les prochaines semaines promettent de nouveaux débats animés.
Reconstruction des bâtiments publics : des prises en charge à 100%
Le ministre des Outre-mer l’a rappelé dimanche : 24 milliards de francs d’aides à la reconstruction de bâtiments publics ont été votés dans le budget de l’État. 56 bâtiments ont d’ores et déjà été identifiés, dont 16 écoles. “La reconstruction des bâtiments scolaires sera prise en charge à 100%. Pour les autres bâtiments publics, ce taux de prise en charge sera de 80%. L’État consentira des avances de 30%, qui pourront être portées, au cas par cas, à 50% si la situation de la collectivité le justifie”, a-t-il détaillé.
L’État s’engage par ailleurs à financer certaines opérations qui étaient prévues dans le cadre du contrat de développement 2017-2023 et qui n’ont pas pu aboutir à cause des évènements de mai 2024. Celles dont l’avancement était de 70% avant les émeutes.
Un nouveau "plan de transformation de la filière nickel"
Parce que le nickel “est une ressource stratégique pour la Nouvelle-Calédonie, mais aussi une ressource stratégique pour la France et pour l’Europe, je suis déterminé à poursuivre résolument la coopération entre l’État et la Nouvelle-Calédonie pour le développement de la filière", a assuré Manuel Valls. “Mais il faudra changer de modèle”, comme ses prédécesseurs l’avaient exigé.
La Nouvelle-Calédonie a un potentiel incroyable. Elle a les moyens, avec l’État, de renouveler son modèle économique pour renouer avec une croissance durable. Manuel Valls
Pas question de ressortir le pacte nickel, qui n’a jamais pu être adopté. D’autant que “le contexte a changé”. Mais “il devra reposer sur les trois mêmes principes, qui demeurent plus que jamais valables”, assume-t-il. La transition énergétique et la réorientation de la production vers les besoins stratégiques des industries européennes, qui faisaient plutôt consensus, figurent parmi les priorités. Avec l’augmentation des exportations et de l’exploitation minière, qui elle, suscite des oppositions.
Au-delà du nickel, il a été question de l'agriculture, de la pêche, du tourisme et d'économie sociale et solidaire, autres filières jugées "stratégiques" par l'Etat.
Après s’être entretenu avec les formations politiques lundi 24 février jusque dans la soirée, Manuel Valls avait rendez-vous avec des représentants du monde économique au haut-commissariat. Il a confirmé la prolongation du chômage partiel et le "lancement immédiat" de la reconstruction des bâtiments publics. "L’état doit poursuivre son soutien à la Nouvelle-Calédonie", a assuré le ministre.
Face aux organisations patronales et syndicales, entre autres, le ministre des Outre-mer a voulu montrer l’importance qu’il accorde à l’économie, après avoir rencontré les acteurs une première fois à Paris lors d’un Forum sur le sujet le 8 février. "Il ne peut y avoir de relèvement économique sans accord politique, mais il ne peut y avoir d’accord politique durable sans relèvement de l’économie." Manuel Valls estime donc que "l’État doit résolument poursuivre son soutien à la Nouvelle-Calédonie pour surmonter cette crise".
Le chômage partiel prolongé jusqu’au 30 juin, mais réduit
Dans son discours, lundi, le locataire de la rue Oudinot a annoncé huit mesures, dont le contenu était cependant déjà majoritairement connu. Rappelant l’enjeu de l’urgence, c’est-à-dire "sortir du marasme économique", avec près de 240 milliards de francs de dégâts, plus de 10 000 emplois détruits et près de 15 000 Calédoniens encore au chômage 9 mois après la crise, Manuel Valls a tout d’abord confirmé, comme déclaré dimanche soir dans une interview sur NC La 1ère, la prolongation du chômage partiel jusqu’au 30 juin. "Un délai nécessaire pour éviter la casse économique et sociale", a-t-il expliqué, qui doit également permettre aux partenaires sociaux et au gouvernement de finaliser les négociations pour réformer, avant cette échéance, le régime de chômage de droit commun.
Mais l’indemnité sera moins élevée, sachant qu’elle avait déjà été abaissée en janvier, passant de 70 à 50 % du salaire. "La prise en charge du chômage partiel connaîtra ainsi une nouvelle étape de dégressivité, pour la période du 31 mars au 30 juin, afin de réaliser une transition ordonnée avec le nouveau système." La mesure sera financée via le prêt garanti par l’État de 120 milliards.
56 bâtiments à reconstruire dont 16 écoles
Autre annonce : le "lancement immédiat" de la reconstruction des bâtiments publics. Une enveloppe de 24 milliards de francs (200 millions d’euros) y est dédiée. Et 56 bâtiments, dont 16 écoles, sont concernés. Pour l’instant. "Cette liste pourra encore être complétée par la suite si nécessaire", a indiqué le ministre. La prise en charge s’élève à 100 % pour les établissements scolaires. La reconstruction des collèges de Kaméré, Boulari, Auteuil, ou encore la démolition de celui de Rivière-Salée est prévue sur le Grand Nouméa. Pour les autres bâtiments, la prise en charge prévue est de 70 %.
1,8 milliard de plus pour les entreprises
Concernant l’aide aux entreprises, de nombreux dossiers déposés pour une demande d’aide au cas par cas n’ont toujours pas été étudiés. Une somme d’1,8 milliard (15 millions d’euros) supplémentaires sera mobilisée pour y répondre. La commission doit se réunir rapidement afin d’instruire ces dossiers, alors que le guichet ferme le 28 février.
Un mécanisme public de réassurance du risque émeute ?
Le sujet des assurances, hautement sensible et "essentiel", a précisé Manuel Valls, est en discussion. Le ministre a informé de "la mise en place d’une médiation, assurée par la Mission Nouvelle-Calédonie", pour aider les entrepreneurs calédoniens à faire avancer leurs dossiers bloqués auprès des assureurs. L’État attend aussi des assurances qu’elles étendent le délai réglementaire d’un an dont disposent normalement les entreprises pour reprendre leur activité après un sinistre. Un travail est également en cours afin d’instaurer un mécanisme public de réassurance du risque émeute au niveau national. Cela devrait aboutir d’ici la loi de finances 2026.
Parmi les autres points évoqués : la prise en charge des opérations inscrites au titre du contrat de développement 2017-2023 qui n’ont pas pu aller à leur terme à cause des évènements de mai 2024 si elles avaient un niveau d’avancement de 70 % ; la poursuite et l’adaptation éventuelle des prêts garantis par l’état à travers la Sogefom (un fonds de garantie qui apporte des garanties partielles à des prêts que les banques accordent aux TPE et PME), sachant qu’une ligne de 3,5 milliards (29 millions d’euros) a été dégagée en loi de finances et pourra être mobilisée.
Une première tranche du prêt de 120 milliards prévue fin mars
Le locataire de la rue Oudinot a fait un point sur les conditions du versement du prêt garanti par l’État, voté dans le cadre de la loi de finances, de 120 milliards de francs. Une première tranche de près de 60 milliards de francs (500 millions d’euros) est censée être approuvée par le conseil d’administration de l’AFD (Agence française de développement) le 20 mars, avant un décaissement à la fin du mois de mars. Ce montant doit servir à "rembourser les avances et couvrir les besoins de trésorerie les plus urgents, notamment pour la prise en charge du chômage", a développé Manuel Valls.
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La deuxième tranche du prêt doit intervenir avant l’été (hexagonal, NDLR), mais en contrepartie de réformes, évoquées depuis des années, et pas des moindres. Le ministre a listé les priorités, déjà bien connues : la protection sociale, santé, retraite, et logement social ; la fiscalité ; la baisse des dépenses publiques, ainsi que des mesures pour favoriser la concurrence et la compétitivité. Manuel Valls a été clair sur le sujet : "Nous devons aboutir, avec le gouvernement d’Alcide Ponga, à des engagements clairs sur ces réformes. Des efforts devront être faits, car nous sommes aussi redevables devant les Français de ce soutien financier apporté à la Nouvelle-Calédonie par la communauté nationale."
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Réunion des acteurs économiques et sociaux avec le Ministre des Outre-Mer Valls le 24/02/2025
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Prolongation du chômage partiel jusqu’au 30/06/2025
Annonce officielle d’une première liste de 56 bâtiments publics à reconstruire dans le cadre du budget 2025 de l’Etat.
Des demandes fortes du Medef-NC et de NC ECO, entendues par le ministre des Outre-Mer, comme il l’a confirmé ce soir sur La Première.
Demain soir lors de la réunion de travail prévue avec le monde économique, d’autres sujets majeurs seront sur la table, dont la méthode pour s’assurer de la mise en œuvre concrète de ces engagements.
Le travail continue ! Mimsy Daly, Présidente du MEDEF-NC.
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Manuel Valls en Calédonie. Chômage partiel, réforme fiscale... : les acteurs du monde économique attendent des mesures concrètes NC La 1ère 23/02/2025
Le ministre des Outre-mer Manuel Valls est en Nouvelle-Calédonie à partir de ce samedi 22 février 2025. Une visite ministérielle de sept jours plus qu’attendue, par les acteurs du monde économique. Il y a urgence, car l’économie du pays est à terre. Et aucune reprise ne se fera, sans des actions fortes de l’État alertent les professionnels.
Une visite au pas de charge, pour le ministre des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie. Elle débute ce samedi 22 février 2025. Un déplacement plus qu’attendu notamment, par les acteurs du monde économique. Et pour cause : l'économie calédonienne est à bout de souffle.
Prolongation du chômage partiel
Des mesures concrètes de l’État sont attendues. “Il faut maintenant que l’on clarifie le discours sur la question du chômage partiel. C’est un outil dont nous avons besoin. Il faut que les entreprises puissent garder le lien à l’emploi avec leurs salariés, dans l’attente d’une reprise”, assure Xavier Benoist, président de la Fédération des Entreprises et Industries de Nouvelle-Calédonie. “Il faut avoir une visibilité sur le long terme, au moins six mois, pour que les entrepreneurs puissent faire leurs arbitrages. Et puis, on a besoin d’un accompagnement technique de l’État, pour pouvoir engager une réforme fiscale”, poursuit le président de la FEINC.
Craintes quant aux assurances
Des attentes partagées par les autres partenaires du secteur. Après le forum économique entre Bercy et Nouméa, le 8 février dernier, tous espèrent une nouvelle réunion de travail à la hauteur des enjeux. Pourtant, certains points cruciaux suscitent déjà des inquiétudes. “On craint beaucoup que le sujet notamment des assurances et de la garantie émeutes et du risque politique soit un sujet de longue haleine, alors même que c’est un des freins majeurs à la reconstruction des entreprises détruites. Pour nous, ces questions là sont urgentes”, indique de son côté Mimsy Daly, présidente du MEDEF-NC.
Marchés publics réservés aux entreprises locales. Autre urgence pour les partenaires économiques : la question des chantiers publics. “L’État va financer la reconstruction des bâtiments publics et des écoles. Il faut absolument que par convention, il soit prévu, qu’une part de ces marchés soient réservés aux entreprises locales. Pour que cet argent reste en Nouvelle-Calédonie et bénéficie à l’ensemble du circuit économique”, explique Pierrick Chatel, secrétaire général de la CPME-NC. À l’occasion de la visite ministérielle, la CPME entend également défendre la mise en place d’un plan de soutien pour les très petites entreprises et les travailleurs indépendants. Ils constituent près de 90%, du tissu économique calédonien.
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Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie : de retour de Brousse avec “des idées et de la force pour les discussions” NC La 1ère 23/02/2025
Le ministre des Outre-mer avait rendez-vous en Brousse ce dimanche après-midi. Il y a rencontré des agriculteurs, des producteurs de photovoltaïque et des éleveurs de crevettes. "Une dose d’optimisme”, assure-t-il.
“Notre avenir est ici, je suis né ici, on ne partira pas d’ici, il faut qu’on trouve des solutions pour sortir de tout ça”, souligne Stephen Moglia, éleveur, après la rencontre avec Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, ce dimanche 23 février. Une station d’élevage, c’est 15 à 20 ans d’investissement, rappelle-t-il. “Nous avons besoin de garanties pour poursuivre l’activité, la pérenniser, sécuriser nos ventes. Nos politiques doivent tous se mettre autour de la table, mettre leurs égos de côté", presse-t-il.
L’inquiétude du foncier
L'un des enjeu : “trouver des pistes de débouchés qui nous permettent de pallier la baisse de consommation pour maintenir nos outils de productions et participer à la relance”, résume Franck Soury-Lavergne, élu à la chambre d’agriculture. “On a été écouté, c’est sûr !”. Comme Emmanuel Macron lors de sa visite, le ministre des Outre-mer a rappelé que l’agriculture et la pêche font partie des secteurs indispensables à la diversification de l'économie calédonienne.
Ils sont sur cette terre depuis longtemps, ils sont attachés à la France, il n’y a aucune raison que la France ne garde pas ce lien fort avec la Nouvelle-Calédonie. Manuel Valls, ministre des Outre-mer
“On va travailler avec eux pour voir comment on peut aider d’avantage toute cette filière, je pense aux repas qu’on peut fournir dans la restauration scolaire, comment l’agriculture peut être plus performante, comment on traite la question de la terre”, énumère Manuel Valls.
Il a entendu les inquiétudes économiques mais aussi foncières. “Ce qu’ils demandent, c’est de la stabilité. Ils sont sur cette terre depuis longtemps, ils sont attachés à la France, il n’y a aucune raison que la France ne garde pas ce lien fort avec la Nouvelle-Calédonie mais ce qu’ils attendent pour investir, c’est d’y voir clair”, le ministre en a conscience.
Des rencontres “attachantes et utiles”
“J’ai été touché par l’accueil, par les histoires. Cette terre calédonienne a une âme, une histoire parfois douloureuse. C’était attachant, c’était utile”, confie Manuel Valls. “J’ai aussi entendu un message de dialogue, de paix. Ça m’a donné des idées et de la force pour les discussions”, assure-t-il.
Direction une ferme photovoltaïque de Boulouparis ensuite, qui alimente près de 2 700 foyers. Il y a rencontré les acteurs économiques, les propriétaires fonciers et des coutumiers. “L’occasion de dire que sur cette terre pleine d’incertitudes, il y a des projets économiques dans le respect de chacun, qui permettent d’avancer, c’est un facteur d’optimisme”, souligne-t-il alors.
Un optimisme que partage Pascal Vittori, le maire de la commune, président de l’association française des maires. “On voit que quand on travaille tous ensemble, on est plus fort et on arrive à faire de belles choses.”
Le ministre des Outre-mer s'est notamment rendu à Moindou, Boulouparis et Bouraké.
Par Lionel Sabot, Léo Fichou 23 février 2025 à 19:03
C’est un vrai spectacle de désolation qu’a découvert Manuel Valls ce matin a Dumbéa.
Le ministre a été accueilli sur place par le Maire de la Commune Yoann Lecourieux, mais aussi par Mickael Dibe le directeur Général du centre commercial, la gérante d’un salon de coiffure qui était installée dans la galerie Marchande, également présent ce matin le président de la CCI, David Guyenne, des représentant du Medef-NC dont Laurent Vircondelet, la présidente de la Province Sud Sonia Backès et le sénateur Georges Naturel. Manuel Valls qui a tout d’abord pris le temps d’écouter en arrivant ce le site de Kenu-in.
À l’issue de cette visite sur le site du centre commerciale Kenu-In, Manuel Valls a mis le cap sur la brousse, afin de poursuivre cette première séquence tournée vers l’économique. Premier rendez-vous, sur le thème de l’agriculture, sur la propriété́ de Ghislain Santacorsse à Moindou. Le Ministre des outre-mer y a été accueilli par le Maire de la commune Jo Perronet qui a notamment évoqué avec le ministre la politique de l’Eau.
Jo Perronet qui était accompagné par ces collègue de La Foa, Florence Rolland et de Boulouparis, Pascal Vittori. Lors de cette premier séquence, Manuel Valls a longuement échangé avec plusieurs agriculteurs, parmi eux Franck Souris-Lavergne, agriculteur à La Foa et élu à la Chambre de l'Agriculture et de la Pêche.
Le ministre des outre-mer s'est ensuite rendu à Boulouparis, avec une séquence dont la thématique était la transition énergétique. Manuel Valls était sur le site de la centrale photovoltaïque Hélio Boulouparis, l’une des plus grandes centrales solaires de France et même d’Europe. Un lieu emblématique du savoir faire calédonien en terme de transition écologique a expliqué Amandine Miniana, responsable de Total Energie renouvelables pacifique.
Le Ministre des outre-mer a ensuite procédé, toujours sur le secteur de Bouraké avec Alcide Ponga, le président du gouvernement, Christopher Gygès Membre du gouvernement en charge notamment de la transition énergique, le député Nicolas Metzdorf, le maire de Boulouparis Pascal Vittori, la présidente du groupe Les Loyalistes au Congrès et les coutumiers à l’inauguration de la ferme Akuo, une ferme photovoltaïque et de batterie de stockage d’énergie.
Le ministre des outre-mer c’est ensuite rendu à la ferme aquacole Aigue Marine à Bouraké qui produit bien évidement des fameuses crevettes de Boulouparis.
Avant toutes ces séquences économiques, à Dumbéa puis à Moindou et à Boulouparis, Manuel Valls s'était rendu à la brigade de Gendarmerie de Saint-Michel. Brigade qui a été particulièrement sollicitée lors des émeutes insurrectionnelles du mois de mai. Une brigade qui a dû faire face à plusieurs attaques d’émeutiers. Lors d’une courte cérémonie dans l’intimité de de la cour de cette brigade qui jouxte le Lycée du Mont-Dore le ministre des Outre-mer a décoré cinq gendarmes et a salué une nouvelle fois l’engagement des forces de l’ordre lors des émeutes.
Manuel Valls ce matin a la brigade de Gendarmerie de Saint-Michel au Mont Dore, rappelons que le ministre des outre Mer s’était incliné hier devant la stèle rendant hommage au Gendarme Nicolas Molinari a la brigade de gendarmerie de Plum.
Le ministre des Outre-mer a lancé, hier, dans les allées du centre commercial de Dumbéa, intégralement détruit lors de la crise insurrectionnelle, le volet économique de sa visite. Des annonces pourraient être faites aujourd’hui.
En s’avançant dans la longue allée du centre commercial Kenu-In, encore dans son jus plusieurs mois après les exactions qui ont mis un terme à l’activité des différentes entreprises, Manuel Valls découvre «une zone de guerre». Les débris, intégralement brûlés, jonchent encore le sol. Une voiture trône également en plein milieu. Comme, quelques mètres plus loin, une sorte de tondeuse ou encore une armoire. Difficile, parfois, de mettre un mot sur ce qui se trouve pourtant sous nos yeux. L’intégralité du centre-commercial, créé il y a trente-cinq et devenu au fil du temps le poumon économique de la commune de Dumbéa, a été saccagé. Les dégâts se chiffrent à plus de 12 milliards de francs. Une somme colossale, qui dépasse même la couverture initialement prévue par le contrat d’assurance.
Certains professionnels ont tout perdu. Comme Jenny, qui tenait, ici, un salon de coiffure depuis vingt-cinq ans. «J’avais la clause émeutes, mais j’ai reçu un courrier comme quoi je n’étais pas assurée dans ce cas précis. Le salon est estimé à 52 millions quand même. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais pour moi, c’est beaucoup. Donc, sans les assurances, je ne peux pas reconstruire», alerte-t-elle face au ministre. Malheureusement, elle ne fait pas exception. Et comme de nombreux chefs d’entreprise, elle tente de survivre.
«Un concentré de toutes les problématiques»
Michael Dib, directeur général de Kenu-In, mais aussi Laurent Vircondelet, président de la Fédération du commerce, et David Guyenne, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, ont porté la voix de tous ces professionnels aujourd’hui au pied du mur. «Vous avez ici un concentré de toutes les problématiques actuelles et des défis futurs (…) Il faut qu’on se projette sur la reconstruction. Mais, pour la reconstruction, on a besoin de s’assurer que si demain il se passe encore des troubles, l’Etat sera à nos côtés, parce que les assurances ne le sont plus », a expliqué ce dernier, réclamant également «des incitations fiscales » et des «outils financiers, car ceux mis en place au début ne sont plus du tout adaptés ».
Des propos entendus par Manuel Valls. «Je suis venu dire toute ma détermination et celle de l’État à lutter et à anticiper tous les événements qui peuvent se produire. L’action de l’État est d’abord une action de sécurité, avec le travail de la justice qui nécessite du temps, et puis évidemment le soutien économique, c’est l’autre objet qui va démontrer notre engagement. Contrairement à ce que j’entends dire, la France ne laisse pas tomber la Nouvelle-Calédonie », a déclaré le ministre face à ses interlocuteurs.
«La France est là pour la reconstruction»
« Mon objectif, si j’y arrive, est de rassurer les Calédoniens, a-t-il poursuivi face aux médias. Bien sûr, il faut un accord politique. Ça, c’est la perspective et nous allons en discuter dans les prochains jours, parce que si l’avenir est incertain, il n’y a pas d’investissement possible et l’angoisse, la peur, la confrontation domineront. Je suis venu aussi leur dire que l’État est et sera toujours là pour les protéger. » Il a également appelé tous les acteurs, pointant notamment du doigt les assurances et les banques, à « jouer le jeu ». « Je suis très déterminé à ce que chacun assume pleinement ses responsabilités. Indemnisation, réassurance, accompagnement (…) Je suis attaché à ce que l’État, et donc le gouvernement, démontrent encore une fois que la France est là pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie », a-t-il martelé.
Sous quelle forme ? Difficile de le savoir à l’heure actuelle, mais alors qu’une nouvelle rencontre avec le monde économique est programmée en fin de journée, Manuel Valls promet « un certain nombre d’annonces ». Et de conclure : « Je dirai aussi ce qu’il en est du chômage partiel, de la reconstruction des bâtiments publics et du soutien au monde économique. J’ai pris des engagements à Paris il y a quelques semaines, et ces engagements seront tenus. »
Le début de la déconstruction
Sur le parking du centre commercial, à quelques mètres seulement de Manuel Valls, plusieurs camions ont pris possession des lieux. Neuf mois après l’éclatement de la crise insurrectionnelle, Kenu-In va être intégralement détruit car « il n’y a rien à sauver » ici. Une cinquantaine de personnes travaillent dorénavant sur la destruction. Une étape, qui devrait durer entre trois et quatre mois selon les estimations des professionnels du secteur, primordiale avant une éventuelle reconstruction.
Manuel Valls à l'écoute du monde économique - Julien Mazzoni | Crée le 23.02.2025 à 15h34 | Mis à jour le 23.02.2025 à 22h39
David Guyenne, président de la CCI, a évoqué les dificultés du monde économique auprès du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, au milieu des ruines du centre Kenu-In.
Pour son deuxième jour de visite, ce dimanche 23 février, Manuel Valls s'est d'abord rendu à la brigade de gendarmerie de Saint-Michel, au Mont-Dore, avant d'ouvrir une séquence importante de son séjour : la rencontre des acteurs économiques. Le ministre des Outre-mer a découvert les ruines du centre commercial Kenu-In, où il a pris la mesure de la détresse des commerçants.
Devant les ruines du centre commercial Kenu-in, ravagé durant les émeutes de mai 2024, Jenny, 68 ans, attend l'arrivée de Manuel Valls. Comme tous les commerçants installés dans la galerie du centre commercial de 34 000 m2, elle a tout perdu lorsque son salon de coiffure est parti en fumée. "Ça fait vingt-cinq ans que j'ai mon salon ici. On se retrouve avec plus rien, mon gérant est en dépression, je ne peux plus payer mes employées. J'aimerais qu'on me dise comment je m'en sors", se désole la cheffe d'entreprise.
Un discours qui a "fendu le cœur" du ministre des Outre-mer, au deuxième jour de sa visite en Calédonie pour tenter de relancer la confiance, l'économie et les discussions politiques.
Après s'être rendu en début de matinée à la caserne de gendarmerie de Saint-Michel, au Mont-Dore, et avoir vu notamment à Saint-Louis l'église de la tribu incendiée le 16 juillet dernier, c'est une nouvelle scène de désolation qui l'attendait au centre commercial de Dumbéa. "L'action de l’État est d'abord une action de sécurité, avec le travail de la justice qui nécessite du temps, et puis évidemment le soutien économique, c'est l'autre objet qui va démontrer notre engagement. Contrairement à ce que j'entends dire, la France ne laisse pas tomber la Nouvelle-Calédonie", a déclaré d'emblée Manuel Valls, qui voulait rassurer ses interlocuteurs.
Manuel Valls en discussion avec Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa, et Laurent Vircondelet, président de la Fédération du commerce, au milieu de la galerie du Kenu-In dévastée.
"Un concentré de toutes les problématiques actuelles et des défis futurs"
Parmi eux, David Guyenne, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, fait part de la volonté des entrepreneurs de rebondir mais rappelle que sans l'aide de l'Etat, ce sera mission impossible : "Vous avez ici un concentré de toutes les problématiques actuelles et des défis futurs. On se projette sur la reconstruction et pour ça on a besoin de s'assurer que si demain il se passe encore des troubles, l'Etat sera à nos cotés, parce que les assurances ne le sont plus."
"Seuls 30% du montant global de 930 millions d'euros que doivent verser les assurances ont été versés, affirme Laurent Vircondelet, président de la Fédération du commerce. Ceux qui n'ont pas touché l'argent sont encore en négociation. C'est terrible pour eux de négocier avec leurs assurances pour réclamer leur bien. C'est long et les pertes d'exploitation commencent dans trois mois."
Un sujet – sensible – des assurances auquel Manuel Valls a répondu fermement : "Je sais que le Premier ministre, François Bayrou, veut prendre à bras le corps le dossier de la réaction du monde des assurances, dans l'Hexagone comme dans les outre-mer. Ce monde là n'est pas à la hauteur de ce que vous vivez. Il faut que tous les acteurs jouent le jeu, banques et assurances comprises. Chacun doit être placé devant ses responsabilités."
L'intérieur du centre commercial Kenu-In est un champ de ruines.
"Rassurer les Calédoniens"
Indemnisation et réassurance après construction, mais aussi incitations fiscales et défiscalisation sont au centre des doléances des acteurs économiques. "Les outils financiers mis en place au tout début de la crise ne sont plus du tout adaptés et ne permettent pas de préparer la reconstruction, prévient David Guyenne. Il y a aussi toutes les entreprises qui n'ont pas été brulées, et c'est la majorité du tissu économique, mais qui n'ont plus d'activité. Des fonds de réserve ont été décidés pour aider les collectivités, nous souhaitons qu'une partie de ces fonds soient fléchés pour soutenir directement les entreprises, notamment sur le report d'échéances fiscales, sociales et bancaires."
Mais pour ça, rappelle le locataire de la rue Oudinot, "il faut un accord politique. Parce que si l'avenir est incertain, il n'y a pas d’investissement possible et l'angoisse, la peur et la confrontation domineront. Je suis aussi venu dire que l'Etat est en soutien du monde économique. C’était le sens du forum tenu il y a quelques semaines à Bercy et nous allons poursuivre sur cette voie pour la reconstruction. Et s'il faut modifier des outils, notamment tout ce qui est défiscalisation, pour aller plus loin, nous le ferons", a promis Manuel Valls.
Ces aides de l'Etat prendront-elle la forme de prêts ou de subventions ? "C'est une discussion à avoir, répond le ministre. Demain [lundi soir, NDLR] je rencontre le monde économique et j'aurai l'occasion de faire un certain nombre d'annonces. Je dirai aussi ce qu'il en est du chômage partiel et de la reconstruction des bâtiments publics. J'ai pris des engagements à Paris il y a quelques semaines, ces engagements seront tenus", a-t-il conclu.
Des annonces ce lundi
Des propos qui ont rassuré quelque peu Sonia Backès, la présidente de la province Sud qui attend néanmoins du concret : "Ça fait plusieurs mois qu'on nous a annoncé l'argent pour la reconstruction publique mais cet argent n'est toujours pas disponible. Il y a des gens qui ont la volonté de reconstruire il faut qu'ils puissent le faire."
"Le ministre nous a assurés qu'il ferait des annonces demain, donc on attend mais la posture est plutôt encourageante", admet David Guyenne. Ces annonces devraient être dévoilées après un échange avec l'ensemble des acteurs économiques, au haussariat, demain, lundi 23 février, à 19 h 30.
Ce dimanche, Manuel Valls poursuit son périple. Il se rend cet après-midi à Moindou, où il visitera une exploitation agricole, puis à Boulouparis où il découvrira la ferme photovoltaïque et ses 43 000 panneaux solaires. Il se rendra ensuite dans le Nord mardi, avant d'entrer dans "le dur" de sa mission, mercredi, où les négociations politiques débuteront au Congrès.